le corps forêt
le corps forêt
La jungle est loin, la forêt aux peaux sueurs, aux pieds sable et boue, aux pieds sang. Les arbres tombent les arbres sont tronçonnés, puis il y a leur chute lente et audible depuis nos cabanes. Les arbres sont lourds, traversent les grandes feuilles puis s’effondrent sur le sol pour une mort éternelle. Les arbres tombent le toit s’écroule, l’orage fait trembler ma moustiquaire. Je souffle ma bougie et me noie dans les chants de la nuit, ce concert incessant entre le minuscule et le gigantesque. Je ne sais plus dormir dans le silence, je ne sais plus étaler mon corps sous les draps lourds car mon corps est envahit de fourmis. Il est sueur il est soleil, il est ennui et impossibilité de se mouvoir sous le jour brûlant. Il s’essouffle et chute entre deux racines, les pieds nus les pieds sangs. Dans ma chaussure un scorpion, je la secoue et en tombe une chose ronde et dure qui roule au sol comme un cailloux. Plus tard quand je ne regarde plus c’est une chenille qui se déploie très de tout son long et retourne à la forêt. Mon corps forêt est tremblant, mon corps forêt est jour puis nuit. Mon corps forêt coule sous les eaux argiles et n’en revient jamais.